Fuente: Pays de lure.fr. |
A force de recycler, la Suède doit importer des déchets.
Audrey Garric.
Blog Écolo. Le Monde. 22-9-2012.
La Suède
manque d'ordures au point de devoir en importer depuis ses voisins.
L'information a de quoi surprendre alors que la limitation des déchets s'avère
depuis de nombreuses années un enjeu dans les pays industrialisés. C'est
pourtant ce qu'a annoncé Catarina Ostlund, conseillère principale de l'Agence
suédoise de protection de l'environnement, au groupe de radio américain Public radio international,
dans un article repéré par Terra
Eco.
L'origine de cette histoire, c'est le grand succès du recyclage suédois.
Seulement 1 % des ordures ménagères suédoises finissent dans des décharges,
contre 38 % pour la moyenne des pays européens, selon les derniers
chiffres d'Eurostat. Dans le détail, 36 % de
ces déchets sont recyclés, 14 % compostés et surtout 49 % incinérés, soit le
plus haut taux dans l'Union après le Danemark (54 %), loin devant la moyenne
européenne (22 %). Au moyen d'incinérateurs de plus en plus performants, appelés par
l'industrie centres de valorisation énergétique, cette combustion des ordures
génère aujourd'hui suffisamment d'énergie pour assurer 20 % du chauffage urbain
du pays (810 000 foyers) et un approvisionnement en électricité pour 250 000
foyers, sur 4,6 millions de ménages, détaille le Swedish Waste Management.
Mais le problème, si l'on peut le qualifier ainsi, c'est que les
capacités d'incinération du pays s'avèrent bien supérieures aux quantités de
déchets produits (2 millions de tonnes chaque année). Pour faire tourner ses
usines, et éviter de perdre de l'argent, Stockholm a alors récemment commencé à
importer des ordures depuis l'Europe : 800 000 tonnes par an, qui proviennent
majoritairement de la Norvège voisine, où les prix encore élevés de
l'incinération rendent plus rentables un traitement dans un autre pays.
Une nouvelle
preuve, s'il en est, que les déchets ont aujourd'hui une valeur marchande de plus en
plus importante. "Valoriser des déchets, au sein d'usines
jouissant d'une importante efficacité énergétique, est un pari judicieux dans
un monde où le prix de l'énergie ne cesse de grimper et alors que nous
pourrions être confrontés à une pénurie de combustibles",
estime Catarina Ostlund. "Toutefois, il est aussi important pour
la Suède, note Ostlund, de trouver des moyens de réduire sa production
de déchets et d'augmenter leur recyclage. Mais
à court terme, la valorisation énergétique des déchets est une bonne
solution."
Cette
incinération à grande échelle des déchets pose toutefois la question des
émissions polluantes. Selon l'agence suédoise de gestion des déchets, la Suède
a instauré une règlementation stricte en termes de limitation des émissions,
entraînant ainsi leur réduction d'environ 90 % depuis le milieu des années
1980. Le chlorure d’hydrogène (HCI) un gaz incolore toxique et hautement
corrosif, est ainsi passé de 8 400 tonnes émises dans le pays chaque année en
1985 à 60 tonnes en 2007. Les oxydes de soufre (SOx), responsables
des pluies acides, ont aussi été considérablement réduits (196 tonnes contre 3
400), de même que le plomb (51 kg contre 25 000).
Les oxydes
d'azote (NOx regroupant le monoxyde d’azote (NO) et
le dioxyde d’azote (NO2), qui ont des impacts en termes d'effet de
serre, d'acidification de l'air, des pluies et des eaux), sont par contre
restés élevés : 2 100 tonnes en 2007 (contre 3 400 en 1985). Surtout, selon le Centre
national d'information indépendante sur les déchets,
organisme indépendant français : "L’Institut national de veille sanitaire
insiste sur le fait que, pour mesurer les effets des incinérateurs fonctionnant
aux normes d’aujourd’hui, il faudra attendre la fin d’une période de latence de
5 à 10 ans. Les risques ne sont donc pas écartés, et le renforcement progressif
des normes montre qu’il est impossible de garantir l’innocuité d’un processus
comme l’incinération, dès lors qu’il implique de multiples réactions
chimiques."
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